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RÉSILIENCE

Les problématiques qui relient les changements climatiques aux environnements urbains sont multiples. Notamment, ces derniers détiennent une très grande responsabilité dans la production des GES à l’échelle mondiale, ainsi que dans la consommation énergétique. Plus précisément, 70% de l’énergie mondiale est consommé par les zones urbaines. S’en suit de l’urbanisation grandissante. Les Nations Unies ont estimé que d’ici 2050, 75% de la population planétaire résideront au sein d’une ville. Aujourd’hui, à l’échelle de l’Allemagne, seulement 30% de la population vit dans un milieu rural¹. La surpopulation des villes engendre ainsi non seulement des problèmes sociaux, mais aussi plusieurs problématiques environnementales ; l’accroissement de sécheresses, d’inondations et de vagues de chaleur amplifiera les demandes énergétiques excessives tout en réduisant considérablement la sécurité, le bien-être et la santé publique des populations². La ville est donc un aspect clé dans la lutte mondiale face aux changements climatiques¹.

RÉSILIENCE: À propos

Comme réponse à ce constat grandissant, la conception de villes résilientes est une pratique de plus en plus prisée par les designers urbains, les urbanismes, etc. Le principe primaire de la résilience se forme dans la « capacité d’un élément à revenir à un état stable à la suite d’une perturbation »³.  Néanmoins, cette théorie peut se diviser en plusieurs sous-concepts tels que la résilience socioécologique, la résilience technique, la résilience à long terme, etc.

RÉSILIENCE TECHNIQUE

RÉSILIENCE SOCIOÉCOLOGIQUE

La résilience socioécologique met l’accent sur la capacité d’adaptation des individus⁴, sur leur faible niveau de vulnérabilité⁵, sur l’apprentissage ainsi que sur l’innovation, tout en se caractérisant par son potentiel de multiples états d’équilibre à diverses échelles : urbaine, régionale et planétaire⁶.

La résilience technique, quant à elle, repose sur l’efficacité ainsi que la capacité d’un élément à maintenir sa fonction à la suite d’un choc. Ce sous-concept met en en évidence les principes de robustesse, de récupération, de constance ainsi que de persistance⁴.

QUATRE STRATÉGIES DE RÉSILIENCE ; CATHERINE DUBOIS

RÉSILIENCE À LONG TERME

Pour ce qui est de la résilience à long terme, elle entrevoit la conception durable des bâtiments, des systèmes et des villes. Elle prend source dans l’intégration sociale, donc la résilience sociale, ainsi que dans la consommation collaborative. Ce sous-concept se veut donc être anticipatif de sorte à se préparer contre des événements externes, tels que des catastrophes naturelles, ainsi que des événements internes, comme la croissance démographique⁵.

Faisant un rappel à ces sous-concepts, Catherine Dubois, conseillère en développement durable à Québec, estime que la résilience d’un projet se fonde sur quatre stratégies. La première est « résister » ; « le projet doit être conçu pour être en mesure de surmonter les dangers ». La deuxième est « minimiser » ; « le projet est conçu de sorte à minimiser les impacts d’un bris, d’une défaillance ». La troisième consiste à « rétablir » ;  « le projet est conçu pour se remettre rapidement ou facilement de ses pertes ». Pour terminer, la quatrième est « s’adapter » ; « des actions sont prises sur le long terme pour ajuster le projet en fonction des bris et des défaillances expérimentées par le passé. »⁷

HAFENCITY : UNE VILLE RÉSILIENTE

Un développement urbain durable

L’urbanisation grandissante au sein de la ville d’Hambourg exprimait un ratio d’offre et de demandes disproportionné. Afin d’augmenter l’offre, un développement d’un nouveau secteur à la ville a été mis en place. Bien que l’idée de développer Hambourg sur des terres vierges situées en périphérie de la ville a été réfléchie, c’est la vision d’une régénération des quartiers désaffectés du port qui a été retenu. C’est par la requalification, donc le recyclage des terres et de friches industrielles qu’HafenCity est issu, occasionnant ainsi l’idée de composer une « ville » dans la ville. La durabilité écologique, économique ainsi que sociale a donc été occasionnée par cette requalification de ses terres délaissées en densification élevée et mixte¹. HafenCity favorise ainsi la résilience à long terme ainsi que la résilience socio-économique pour la problématique d’une urbanisation grandissante.

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Protection contre les inondations

Puisque HafenCity se pose sur l’ancien port d’Hambourg de la rivière Elbe, elle est inscrite dans la zone d’extrême vulnérabilité face aux inondations ainsi qu’à la montée des eaux à long terme. De sorte à se protéger, il aurait été envisageable d’entourer l’ensemble du nouveau développement à l’aide de hautes digues. Or, une isolation permanente avec Hambourg aurait été occasionnée. Ainsi, c’est par la construction de l’ensemble des bâtiments sur des socles de 8 mètres au-dessus du niveau de la mer qu’HafenCity sera apte à se protéger, permettant également d’amplifier la connexion avec sa ville mère due à la différence de niveau original du port. Par ailleurs, les rues et les ponts, suivant aussi cette logique des 8 mètres, permettent une circulation interne et externe fluide malgré une inondation. Quant aux sous-sols engendrés, ils servent d’espaces de stationnement de sorte à en libérer du paysage urbain tout en ajoutant une multifonctionnalité ainsi qu’une rentabilité des bâtiments. Par conséquent, bien que cela crée une topographie artificielle inhabituelle, cette dernière devient un sérieux avantage social et utilitaire¹, favorisant ainsi la résilience socioécologique, la résilience technique ainsi que la résilience à long terme. Les stratégies de résilience qui consistent à résister et à minimiser sont d’ailleurs mises de l’avant pour cet aspect d'HafenCity.

Création d’un microclimat favorable

Comme mentionné précédemment, l’amplification des îlots de chaleur est une véritable conséquence de l’urbanisation, et ce, à l’échelle mondiale. Afin de contrer, ou du moins, minimiser cet effet de chaleur au sein de son développement, HafenCity utilise à son avantage sa proximité avec les grandes étendues d’eau qui la borde, en créant, par exemple, une promenade de 10,5 km en périphérie du port. D’ailleurs, ce nouveau développement dispose de plusieurs espaces verts tels que des parcs, de simples espaces publics végétalisés et même sa promenade, composant ainsi des espaces ayant un microclimat qui favorise le bien-être. La fraicheur occasionner par la proximité à l’eau, les espaces verts, et même des toits végétaux pour certains bâtiments permettent ainsi une diminution du besoin de climatisation en ville, réduisant ainsi la demande énergétique et le risque de rejet de gaz frigorigènes¹. Par conséquent, la résilience socioécologique est alors avancée pour ce caractère d’HafenCity.

Consommation énergétique durable

Comme mentionné initialement, l’un des principaux émetteurs des GES, actuellement, est les territoires urbains. Développer dans une optique durable, HafenCity se veut d’utiliser une variété de systèmes d’énergie, afin de réduire son émission totale. En effet, le concept de cogénération des centrales est employé, de sorte à investir davantage dans la production d’énergie renouvelable, principalement éolienne et solaire, afin de ne plus avoir recours aux énergies fossiles¹. Par exemple, la centrale de Vattenfall a pour objectif d’afficher un bilan carbone neutre d’ici 2050⁸. Ainsi, l’émission totale moyenne de HafenCity est de 240 g CO2/kWh1 ; le carbone ~ 1 000 g CO2/kWh, le pétrole ~ 800 g CO2/kWh, le gaz naturel ~ 500 g CO2/kWh, l’énergie nucléaire/hydroélectrique/éolienne/solaire ˂ 50 g CO2/kWh⁹. Par ailleurs, plus de 1800 m² de panneaux solaires ont été disposés sur les toits des quartiers ouest afin de réduire la consommation énergétique à externe. En bref, 92% de l’énergie utilisée pour les besoins quotidiens d’HafenCity, en excluant le moment des heures de pointe, est produite de manière régénérative. D’autre part, HafenCity détient comme projet futur d’utiliser la chaleur résiduelle de la raffinerie de cuivre Aurubis à des fins de chauffages dans sa partie est¹. Ainsi, la résilience technique, la résilience à long terme ainsi que la stratégie de « résister » et de « minimiser » sont mises de l’avant par ce projet urbain.

BIBLIOGRAPHIE

1 - HafenCity Hamburg - Welcome to the 21st century city, HafenCity is setting leading-edge standards for the the future through sustainable urban development. Repéré à https://www.hafencity.com/en/concepts/welcome-to-the-21st-century-city.html.
2 - Melillo, M. J., Richmond T.C, Yohe G. W., Eds. 2014: Climate Change Impacts in the United States: The Third National Climate Assessment. U.S. Global Change Research Program.
3 - R. Bhamra, S. Dani and K. Burnard, “Resilience: the concept, a literature review and future directions,” International Journal of Production Research 49, 19 (2011): 5376.
4 - BHARATHI, K (2014). RESILIENCE ; The urban landscape as a social-ecological system . 2014, Vol. 5, p70-77, 8p.
5 - Birks, F.; Prater, K. (2014) Adapting to Global Change, Ageing, Urbanisation and Resilience. Architectural Design. Vol. 84 Issue 2, p28-35, 8p.
6 - Fleming, B. (2016). Lost in Translation, The Authorship and Argumentation of Resilience Theory. Landscape Journal. Vol. 35 Edition 1, p23-36, 14p.
7 - Dubois, Catherine. (2019). Forme urbaine, vulnérabilités et résilience aux changements climatiques [PDF]. Université Laval, design urbain.
8 - Vattenfall - Carbon. Repéré à https://group.vattenfall.com/fr/nos-activites/nos-sources-denergie/charbon.
9 - Shrink That Footprint - Electricity emissions around the world. Repéré à http://shrinkthatfootprint.com/electricity-emissions-around-the-world.

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